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Discours de Noël prononcé par S.A.R. le Grand-Duc (version FR)

24.12.2017

Discours

Discours de Noël de Son Altesse Royale le Grand-Duc
24 décembre 2017
(Version française)


Mes chers compatriotes,

Souvenons-nous de l’ambiance qui régnait en fin d’année dernière, des peurs et des crispations latentes dans les sociétés occidentales qui marquaient le débat politique. Aux yeux d’observateurs avertis, la montée du populisme semblait inexorable chez certains de nos voisins.

Or les événements des derniers mois ne sont pas allés dans ce sens. Le projet de la construction européenne est sorti renforcé des consultations populaires, même si les interprétations qu’on en donne divergent. L’embellie économique qui se confirme est également à l’origine de ce changement de climat que nous observons.

Le changement d’ambiance redonne confiance pour aborder l’avenir : le temps est à nouveau aux débats d’idées et aux projets concrets, notamment pour approfondir l’intégration européenne qui est plus nécessaire que jamais. C’est le signe qu’à la crainte et au repli sur soi s’est substituée une démarche plus volontaire et déterminée pour faire face aux défis de notre époque.

Mes chers compatriotes,

Si je devais retenir un souvenir « politique » au sens large du terme de cette année 2017, je vous parlerais volontiers d’un moment qui m’a beaucoup marqué lors de ma participation à la COP 23 à Bonn en novembre dernier. C’était dans une salle anonyme, juste avant l’audience plénière, où s’étaient retrouvés de façon informelle les chefs d’Etats des pays représentés à la Conférence. L’ambiance était grave, pesante même. Je me suis retrouvé entouré des leaders des pays qui auront le plus à souffrir des conséquences du réchauffement climatique au cours des prochaines décennies : pays en développement ou pays du bout du monde, soit qu’ils subiront les effets de plus en plus dévastateurs des dérèglements météorologiques futurs, dont nous avons déjà eu des exemples effrayants cette année, soit qu’ils sont tout simplement appelés à disparaître du fait de la montée des océans. De nombreux micro-Etats d’Asie-Pacifique avec leur population sont dans cette situation détestable : ils n’ont tout simplement pas de futur ou peu de chances d’en avoir, parce que leurs terres seront submergées, si nous ne faisons pas suffisamment ce qui est en notre pouvoir. Il n’y a pas pire comme destin annoncé.

Assister à une telle détresse vous étreint le cœur. Cette détresse appelle l’action. J’ai pu ressentir combien il était vital, pour eux, comme pour nous, que s’enclenche les mécanismes de lutte contre le réchauffement climatique et que nous passions tous ensemble à la vitesse supérieure, en allant plus loin dans les mesures annoncées, en trouvant de nouveaux partenaires et de nouveaux financements – chose à laquelle le Luxembourg excelle- ou en adoptant tout simplement de nouveaux comportements comme individus. L’heure presse, car les études scientifiques démontrent que nous sommes à la limite de l’irréversibilité des choses.

En cette période de fêtes, où le concept de « solidarité » prend une résonance particulière, soyons pleinement conscients de notre responsabilité envers les autres et envers la planète. Notre société, et c’est très bien ainsi, est le cadre qui permet des dépasser nos intérêts particuliers. C’est d’abord au sein de la famille que s’exerce la solidarité de base. Et si notre « vivre-ensemble » s’exprime encore principalement dans le cadre national, nous voyons en même temps que la construction européenne fait naître progressivement une solidarité entre les Européens que nous n’avons jamais connue auparavant. Et puis, au-delà de cela, il y a la solidarité entre les hommes et les femmes, tous habitants d’une même planète. C’est elle qui doit pleinement jouer pour venir à bout d’un défi comme l’humanité en a rarement connu.


Mes chers compatriotes,

Il y a quelques jours, la Grande-Duchesse et moi avons eu plaisir d’assister à l’inauguration du Tram, relié au réseau ferroviaire par le funiculaire. Ce grand jour pour la mobilité marque une étape importante dans l’histoire des infrastructures de notre pays. Le développement spectaculaire de notre économie au cours des dernières années a engorgé notre infrastructure routière au quotidien. Avec la concrétisation des efforts qui ont été entrepris pour améliorer les transports en commun, notre pays se dote d’un outil qui fait ses preuves ailleurs. D’autres chantiers s’annoncent pour le rendre encore plus attrayant. Je formule le vœu que cette nouvelle offre rencontre le succès qu’elle mérite afin que chacun y trouve son compte, en perdant moins de temps à se rendre au travail. Mais aussi afin que le développement économique de notre pays ne soit pas contrarié et qu’il puisse se poursuivre de façon soutenable et harmonieuse.

En cette veillée de Noël, pensons à toutes ces raisons que nous avons de nous réjouir de vivre dans un pays prospère et solidaire. N’oublions pas cependant que trop de nos concitoyens éprouvent des difficultés à joindre les deux bouts mois par mois et qu’ils ne sont pas en situation de tirer profit du bien-être général. Ils requièrent toute notre attention.

Notre « Gemittlechkeet », cette faculté que nous avons d’aller l’un vers l’autre, font partie de notre ADN, cultivons-les avec beaucoup d’attention.

La Grande-Duchesse et moi se réjouissons avec tous ceux pour qui ces fêtes représentent un moment de joie avec la famille et les proches. Nous pensons très fort à ceux pour qui ces moments de fête sont synonyme de solitude ou de maladie, leur souhaitant de trouver très vite des jours meilleurs.

Mes chers concitoyens,

Avec la Grande-Duchesse, le Grand-Duc Jean, le Prince Guillaume et la Princesse Stéphanie, nous vous souhaitons du fond de cœur de passer de très bonnes fêtes de Noël et une nouvelle année pleine de joie et de succès.